Suite aux évènements tragiques survenus le 16 octobre 2020 et le 13 octobre 2023, l'ensemble de la communauté éducative a tenu à rendre à Samuel PATY et à Dominique BERNARD un vibrant hommage.

Des élèves ont dessiné des colombes et des portraits de Samuel PATY pour honorer sa mémoire.

Tous les membres de la communauté éducative se sont réunis le lundi 16 octobre à 13h45. Des élèves ont lu un texte écrit par un membre de l'équipe:

 « Nous sommes des nains sur des épaules de géants » ; Oui vous avez bien entendu ;« Nous sommes des nains sur des épaules de géants » Ce n’est pas moi qui le dit, mais Bernard de Chartres, un homme qui a vécu au XIIe siècle, c’est-à-dire au Moyen Age. Mais que veut-il dire ?  Nous, chacune et chacun d’entre nous, nous sommes des nains car seul ne pouvons rien faire, seul nous ne savons rien. Rien, rien de rien. Toutes nos connaissances c’est quelqu’un qui nous les a apprises. Si, je vous assure. Des exemples ?  Un jour quelqu’un nous a appris à tenir un crayon entre nos doigts; Un jour quelqu’un nous a démontré que 2 et 2 font 4 ; Un jour quelqu’un nous a expliqué que pour fonctionner un muscle a besoin d’oxygène; Un jour quelqu’un nous a raconté que Jules César n’est pas qu’un personnage de BD ou de film ; Un jour quelqu’un nous a appris à faire du vélo, nous a montré comment déverrouiller un téléphone portable, mettre en route la machine à laver ou simplement à faire nos lacets ; Et la liste est longue ; Car oui, tout ce que nous savons faire et tout ce que nous connaissons aujourd’hui, nous tous présent aujourd’hui, à un moment quelqu’un nous l’a transmis, nous l’avons reçu d’un plus grand que nous : un géant. Les géants nous apprennent, nous montrent, nous racontent, nous démontrent. Les géants nous épaulent dans la vie. C’est pour cela que nous sommes des nains, c’est-à-dire des petits êtres qui doivent apprendre, et en apprenant nous grandissons. D’accord ! Mais les terroristes dans cette histoire ? Les terroristes sont des nains, mais des nains qui refusent d’être sur les épaules des géants. Ils refusent et ils rejettent les savoirs et les savoirs faire de l’humanité. Pire, les terroristes veulent tuer les géants. Il y a 3 ans un terroriste islamiste a tué un professeur d’Histoire, Samuel Paty. Vendredi dernier un terroriste islamiste a tué un professeur de Français, Dominique Bernard. Samuel Paty, Dominique Bernard étaient des géants dont nous n’oublierons pas le nom, dont vous n’oublierez pas le nom." Et puis ? Que pouvons-nous faire, nous des nains, face au terrorisme ? C’est simple : apprendre. Apprendre le Français, les Maths, les Sciences, à nager ou marquer des buts, à peindre des murs, à configurer un ordinateur, à faire de la pâte à crêpe….qu’importe ! Apprendre, apprendre. Apprenez ce que vous pouvez. Et ainsi vous deviendrez, vous aussi, jour après jour des géants. Des géants, chacune et chacun selon vos passions, vos envies, votre orientation. Tous vous serez des géants car à votre tour, vous aussi, vous transmettrez des savoirs et des savoirs faire. Oui, malheureusement, un terroriste peut tuer un géant. Mais, quand cela se passe, ce que le terroriste ne sait pas, c’est qu’il transforme le géant en héros. Et alors que c’est « game over » pour le terroriste, qui disparaît de l’humanité, les héros eux -comme les savoirs- deviennent INOUBLIABLES. "

Ensuite, les personnels ont lu un texte écrit par une collègue de Dominique BERNARD :

«Dominique,

«Ta silhouette, je la vois sur le perron du lycée Gambetta, quand nous arrivions ensemble pour aller enseigner et que nous gravissions ces quelques marches, alourdis par nos sacs, nos copies, nos livres et nos idées. Alourdis, mais tellement légers ! Parce que toi et moi allions faire ce que nous aimions, ce pour quoi nous étions taillés : élever.  «Ta silhouette, je la vois dans la salle des profs, je vois ta chemise, toujours, le gobelet que tu tiens, ton sourire malicieux parce que tu as un truc marrant à dire. Il était difficile de ne pas s’approcher, de ne pas t’écouter. De ne pas se laisser ravir par un conseil de lecture, une anecdote. Un rien. Un tout. «Ta silhouette, je la vois dans les couloirs, devant une classe un peu dispersée que ta présence ramenait au calme, parce que c’est monsieur Bernard alors bonjour m’sieur. C’était aussi ça ton pouvoir avec les élèves. Tu étais là pour eux, ils l’avaient compris et se nourrissaient en désordre de ta passion contagieuse pour la littérature, de ta foi en l’homme, des espoirs que tu mettais en eux.  «Ta silhouette, je la vois sur le perron du lycée Gambetta, quand nous arrivions ensemble et que tu disais aux fumeurs amassés devant l’entrée “alors, on se fume un petit clou de cercueil ?” l’air satisfait, content de ta vanne. Quelle ironie tragique que ce soit sur ce même perron où tu as usé tant de semelles que ta vie t’ait été ravie. Tu ne l’as pas cherché, toi, ce clou. Il s’est planté en toi au hasard d’une haine aveugle et primitive. Quelle ironie aussi qu’un geste aussi sombre, aussi obscur, ait frappé celui que Victor Hugo aurait pu appeler “un porteur de flambeau”.  «Te voilà élevé au rang des martyrs, toi, l’homme discret. Une Passion en remplace une autre. Et quelle perte pour le monde.  «Je n’oublierai jamais ta silhouette, sur le perron du lycée Gambetta.

«Aurélie.»

Enfin, les élèves et les personnels ont respecté une minute de silence pour honorer la mémoire de ces deux professeurs. Les professeurs ont pris ensuite le temps d'expliquer les textes lus lors de cet hommage et ont répondu aux éventuelles questions des élèves .

C'était un très bel hommage.

Merci à chacun et à chacune.